L'utilisation du
microscope optique
en mycologie et lichénologie |
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Les produits chimiques indispensables
à la microscopie peuvent être obtenus une fois par an lors de la
session de microscopie qui se déroule chaque année, en février, au
laboratoire de Fontainebleau.
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10. Les milieux de conservation (milieu de montage permanent) | |||
Un milieu de conservation est un mélange (contenant la coupe préalablement colorée) qui durcit progressivement et permet la conservation des préparations (préparations permanentes). Ex : liquide de Hoyer, baume du Canada, résine de synthèse type Eukitt… a) Le baume du Canada Le baume du Canada est une résine naturelle récoltée sur des conifères d'Amérique du Nord (Abies canadensis et Abies balsaminea). Il est parfaitement transparent, résorbe en grande partie les petites bulles d'air et présente un indice de réfraction élevé 1,52 en solution dans le xylol. Les coupes colorées se conservent parfaitement et les couleurs ne sont pas dégradées. Un seul inconvénient, mais il est de taille, la coupe à conserver doit être parfaitement anhydre ce qui implique plusieurs passages dans l'éthanol anhydre, puis un passage dans le xylol. Ces manipulations sont peu compatibles avec la fragilité du matériel fongique et les mycologues utilisent très peu ce milieu de conservation, ils préfèrent l'histolaque, l'alcool polyvinylique ou le Hoyer qui fonctionnent en phase liquide. b) Les résines de synthèse (de type Eukitt ou naphrax) Ces résines fonctionnent sur le même principe que le baume du Canada et nécessite une déshydratation des coupes et un passage dans le xylol. Elles ont l'avantage de durcir immédiatement après quelques minutes de chauffage sur une plaque (au cours de cette phase les bulles sont expulsées). Le naphrax, qui possède un indice de réfraction très élevé (n = 1,74) est surtout utilisé pour monter les frustules siliceuses de diatomées. c) L'alcool polyvinylique (PVA) lactophénolé Ce produit permet de conserver certaines coupes fixées et colorées en milieu aqueux pendant quelques semaines à quelques mois. Il donne de meilleurs résultats avec une sporée de couleur sombre. Préparation selon Marcel Lecomte (qui nous a fourni le PVA lactophénolé) : - Dans un 1er flacon
mettre 56 mL d'eau bidistillée, chauffer au bain-marie pour amener
la T° de l'eau à 80°C ; inclure lentement 8,4 g de PVA en agitant
jusqu'à dissolution. Remarque : les structures colorées au Congo prennent une coloration bleu-noir en présence de PVA et deviennent presque illisibles (utiliser dans ce cas le Hoyer ou l'histolaque). d) Le liquide de Hoyer est un mélange qui permet de conserver les préparations montées en milieu aqueux. Une goutte de liquide est placée sur la lame, on y introduit la coupe (préalablement colorée) à conserver. La coupe est délicatement placée en utilisant sous la loupe binoculaire des minuties (épingles très fines utilisées par les collectionneurs de papillons). On place la lamelle qui étale tout doucement le liquide (ne pas appuyer immédiatement). Au bout de quelques jours, la préparation est bordée avec du vernis à ongles (incolore). Composition du liquide de Hoyer :
Préparation : mélanger les 30 g de gomme arabique avec l’eau en agitant. Il faut ensuite attendre plusieurs jours pour avoir passage de la gomme arabique en solution. Dissoudre les 200 g de chloral hydraté (attendre également la dissolution totale). Ajouter finalement la glycérine. La conservation des préparations est illimitée et ne nécessite pas de déshydratation par l’alcool comme c’est le cas lors d’un montage au baume du Canada ou dans une résine de synthèse de type Eukitt. e) L'histolaque Cette résine de synthèse est récemment apparue sur le marché. Elle fonctionne sur le même principe que le Hoyer et permet d'inclure des coupes (éventuellement colorées) sans déshydratation préalable ; son séchage est toutefois beaucoup plus rapide, il ne demande que quelques heures. Cette laque transparente présente un indice de réfraction de 1,5 proche de celui du verre. La conservation des coupes serait de plusieurs années sans perte de transparence et sans plissure. Nous sommes actuellement en train de la tester et obtenons des résultats très variables (de mauvais à très bon) selon le matériel utilisé. f) La glycérine gélatinée souvent choisie pour la conservation de grains de pollens peut également être utilisée en mycologie. A la température normale, la glycérine est figée. Dans un verre de montre (ou directement sur une lame) placé sur une plaque chauffante, la gélatine glycérinée est chauffée légèrement (80°C) afin qu'elle se liquéfie. Eviter de remuer pour ne pas apporter de bulles d'air. La pièce à inclure, préalablement mise en attente dans le mélange glycérine / eau (50/50), est placée délicatement dans la gélatine liquéfiée. Il faut éviter l'apport de bulles d'air qu'il n'est pas possible d'éliminer par la suite. Mettre une lamelle. Laisser refroidir plusieurs heures. Luter avec du vernis à ongle ou de la peinture à maquette. Cette préparation se gardera plusieurs semaines (préparation semi-permanente). Pour avoir une conservation plus longue il faut introduire du phénol ou du thymol (Le thymol remplace avantageusement le phénol, il ne dégrade pas aussi rapidement les colorants et les chlorophylles). Préparation de la glycérine gélatinée (selon John White)
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