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C’est en
1867 que le botaniste suisse Simon Schwendener (1829-1919) développe
l’hypothèse de de Bary sur la double nature des lichens en s’appuyant sur
des faits précis. Schwendener est d’abord assistant de C.W. von Nägeli
(1817-1891), puis professeur à
l’université de Munich en 1860 et, en 1867,
professeur de botanique et directeur du jardin botanique de Bâle. Il succède
ensuite à W. Hofmeister (1824-1877) à l’université de Tübingen et enfin
enseigne comme professeur à l’université de Berlin.
Dans un
article publié en 1859, alors qu’il était encore assistant de Nägeli, il
précise que dans les lichens, les algues
« apparaissent
comme des serviteurs chargés de préparer la nourriture pour les champignons
qui sont leurs maîtres, mais malgré cette différence, ces corps se mélangent
si intimement entre eux qu’ils forment pour ainsi dire une nouvelle plantule
par leur pénétration réciproque et sont pour cette raison classés comme
lichens par la plupart des auteurs dans un groupe particulier et bien défini ».
Plus loin il précise sa
pensée :
« Mes
observations prouvent que ces plantules ne sont pas des plantes autonomes,
des individus dans le sens propre du mot, ce sont plutôt des colonies qui se
composent de centaines et de milliers d’individus où l’un d’eux exerce la
suprématie pendant que les autres dans une captivité perpétuelle préparent
la nourriture du maître. Le souverain est un champignon de la classe des
ascomycètes, un parasite habitué à vivre du travail des autres ; ses
esclaves sont des algues vertes qu’il a poursuivies, ou au moins retenues et
contraint à le servir ». (17)
On dispose
là des éléments essentiels de sa théorie algo-lichénique qui sera
développée dans plusieurs mémoires publiés entre 1867 et 186ç (18).
L’histoire retiendra surtout sa conférence donnée le 10 septembre 1867 dans
le cadre de l’assemblée annuelle de la Société d’Histoire naturelle suisse
réunie à Rheinfelden (19) ; cette conférence constituera l’acte de naissance
de la théorie « schwendénérienne » selon laquelle les lichens sont des
êtres doubles, formés de l’union d’une algue et d’un
champignon.
En 1868,
il généralise à l’ensemble des lichens cette conception :
« Je
crois que les Lichens ne sont pas des Plantes autonomes, mais des
champignons (Ascomycètes), auxquels les Algues, dont je ne doute pas de
l’indépendance, servent de Plantes nourricières ».
(20)
Dans son
important Mémoire de 1869, il décrit différents types de Cyanophycées
[Cyanobactéries] pour les lichens gélatineux, de Chlorophycées pour les
Graphidées, les lichens foliacés et fruticuleux et les rapportait aux
groupes connus d’Algues libres.
(17) S.
Schwendener, 1859. Die Algentypen der Flechten gonidien, Basel ; extrait de
l’article de C. Flagey (op. cit.).
(18) S.
Schwendener, 1867. Über die wahre Natur der Flechten. Verhandlungen der
Schweizerischen Naturforschenden Gesellschaft in Theinfelden, 51 :
88-90 ; 1868, Überdie Beziehungen zwischen Algen und
Flechtengonidien. Bot. Z., 289-292 ; 1869, Die Flechten als Parasiten
der Algen, in Verhandlungen der Schweizerischen Naturforschenden
Gesellschaft, 5 : 527-550.
(19) R.
Honneger, 2000. « Great discoveries in Bryology and Lichenology », The
Bryologist, 103 (2) :307-313.
(20) Cité par
R.G. Werner, 1967. L’élaboration de la synthèse lichénique. Bull. Soc.
bot. Fr., colloque sur les lichens, 11-23. |
Cette théorie fut d’abord combattue par plusieurs lichénologues de renom
dont Nylander mais aussi Theodor Magnus Fries (1832-1913) fils
de Elias Magnus, Gustav Wilhelm Koerber (1817-1885) ou Johan
Müller. Ces partisans de l’autonomie des lichens par rapport aux algues
et aux champignons appuient leur argumentation sur l’hypothèse ancienne de
l’origine mycélienne des gonidies, l’existence de chlorophylle contenue dans
les hyphes, la composition des hyphes des lichens différente de celle des
champignons libres et contestent les expériences de synthèse lichénique
effectuées par les « Schwendénéristes ».
Cette opposition à la
conception duale des lichens se prolongera pendant plusieurs années. Camille
Flagey (1837-1898), auteur d’une volumineuse « Flore des Lichens de
Franche-Comté » en 188" (21), écrit en 1882 :
« […]
Certains auteurs ont-ils autrefois réuni les lichens aux algues, d’autres
aux champignons ; on comprend toutefois qu’il était difficile d’arriver à
une assimilation complète. Frappé de cette difficulté, Schwendener imagina,
il y a vingt-cinq ans, une théorie fort ingénieuse, dans laquelle l’algue et
le champignon se réuniraient pour former le lichen, le champignon vivant en
parasite sur l’algue. Cette théorie eut d’ardents défenseurs : elle est
cependant aujourd’hui à peu près universellement abandonnée et on s’accorde
généralement à regarder les lichens comme parfaitement autonomes ; […] »
(21) C. Flagey,
1883. « Flore des lichens de Franche-Comté (et quelques localités
environnantes) », première partie. Besançon, Marion, Morel & Cie, Librairies
édit.
D’autres lichénologues au contraire furent acquis à cette nouvelle
conception et apportèrent par leurs travaux des arguments en faveur de
Schwendener. Pour ces derniers, le seul point de discussion portait sur le
mode de relation qui s’établit entre les deux composantes des lichens.
L’idée de Schwendener selon laquelle le champignon vivrait en parasite au
détriment de l’algue n’est pas partagée par tous les lichénologues. |
|
←
Le naturaliste allemand Albert-Bernhardt Frank (1839-1900), dans une
étude publiée sur les lichens en 1877, conteste l’interprétation de
Schwendener d’une algue parasitée par le champignon et défend l’idée de
relations plus équilibrées entre les deux partenaires.
Il propose de désigner cette association par le terme symbiotismus.
Cette conception sera
reprise une année plus tard par de Bary qui utilise pour la première
fois le terme de symbiose dans une conférence intitulée « The
phenomena of symbiosis » lors d’un congrès de l’Association des
naturalistes et physiciens allemands à Cassel en 1878.
Il définit ainsi ce
concept :
« Parasitisme,
mutualisme, lichénisme etc. sont chacun des cas particuliers d’une
association générale pour laquelle le terme de symbiose est proposé
comme nom collectif ». |
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Jean-Baptiste Edouard Bornet (1828-1911), botaniste français né à
Guérigny (Nièvre), disciple et collaborateur de G. Thuret (1817-1875),
apporte des arguments importants en faveur de la théorie algo-lichénique par
ses tentatives de synthèse lichénique à partir de spores de Xanthoria
parietina ensemencées sur des cultures de « Protococcus viridis »
et la culture sur milieu non stérile de champignons et d’algues isolés à
partir d’une soixantaine d’espèces de lichens (22).
(22) E. Bornet,
1873. « Recherches sur les Gonidies des lichens ». Ann. Sc. nat. ;
1874. « Deuxième note sur les Gonidies des lichens », idem.
Il montre en outre, par des dessins précis, que toute gonidie de lichen peut
être rapportée à une algue déterminée mais qu’en aucun cas elle ne provient
du champignon auquel elle est associée ; il prouve par ailleurs que les
spores des lichens ne donnent que des filaments de champignon.
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Christian Ernst Stahl
(1848-1919) étudie la botanique à Strasbourg et collabore avec de Bary puis
devient l’assistant de Julius von Sachs (1832-1897) à l’université de
Würzburg et obtient en définitive la chaire de botanique à Iéna en 1881. Il
s’intéresse au développement des lichens et plus spécialement aux problèmes
liés à la sexualité et à la formation des apothécies. Il expérimente en
particulier sur Endocarpon pusillum Hedw. et réussit à obtenir la
synthèse complète du lichen à partir de cultures de spores de champignon
associées à des « gonidies hyméniales ». Il décrit à cette occasion le mode
de diffusion des spores en ces termes :
« Les
asques mûrs se fendent à leur sommet et les spores sont aussitôt lancées
hors de l’utricule déchiré avec une grande force et souvent à plusieurs
centimètres de distance […]. On voit que les spores d’Endocarpon
pusillum recueillies de cette façon [sur une lame de verre] sont
toutes entourées d’une nombreuse cour de gonidies hyméniales d’un vert pâle
qui y sont attachées ».
Les expériences et les
observations très précises effectuées par Stahl en 1879 (23) constitueront
un soutien efficace à la théorie avancée par Schwendener.
[Abréviation du nom
d’auteur : Stahl].
(23) E.
Stahl, 1879. Beiträge zur Entwicklungsgeschichte der Flechten.
Heft. II. Über
die Bedeutung des Hymenialgonidien. Cité par C. Flagey (op. cit.) |
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Mais c’est sans doute le français Gaston Bonnier (1853-1922) qui
apporte les arguments les plus convaincants en faveur de la théorie de la
double nature du lichen. Agrégé préparateur à l’École normale supérieure de
Paris en 1876, il devient directeur du laboratoire de botanique de cette
institution en 1886 et enseignera la botanique à la faculté des sciences de
Paris à partir de 1887. Il participe en 1889 à la fondation de la Revue
générale de botanique qu’il dirige jusqu’en 1922 et fonde un laboratoire
de biologie végétale à
Fontainebleau (24) en
1889. Membre de l’Académie des sciences, il est aussi membre de plusieurs
sociétés savantes dont la Société botanique de France qu’il préside
en 1890.
Son apport à la
lichénologie a consisté à réaliser dans des conditions aseptiques des
cultures de spores de champignons en présence d’algues prélevées dans une
culture pure établie à l’avance. Il a prétendu réussir ainsi la synthèse
d’un vrai thalle de lichen qui se développe normalement chez plusieurs
espèces dont Physcia parietina [devenu Xanthoria parietina],
Physcia stellaris, Lecanora subfusca, Lecanora ferruginea
[devenu Caloplaca ferruginea] etc., montrant ainsi que le
« lichen
n’est pas un végétal autonome, mais est bien réellement formé par
l’association d’une Algue et d’un Champignon. » Il ajoute
que « l’Algue, qui est ordinairement tuée par la sécheresse lorsqu’elle
est isolée, trouverait dans l’association avec le Champignon l’avantage de
supporter les changements brusques d’état hygrométrique, pouvant passer en
même temps que son associé à l’état de vie ralentie ».
Les réussites de Bonnier ont, depuis, été parfois contestées et sans doute
les thalles lichéniques qu’il a pu obtenir par synthèse étaient-ils
incomplets.
(24) C’est dans les locaux de ce laboratoire de Fontainebleau qu’a lieu,
chaque année fin février, une session de travail de l’Association française
de lichénologie (AFL) dont le principal objectif est l’identification
d’échantillons récoltés lors des sessions de l’année précédente. |
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On évoquera ici la
personnalité de Béatrix Potter (1866-1943) plus pour illustrer les
mœurs des milieux scientifiques de la fin du XIXe siècle que pour
nous apporter des connaissances nouvelles sur les lichens. Née à Londres,
elle est élevée par des gouvernantes dans l’élégante demeure familiale
située dans un des quartiers riches de la capitale.
Solitaire, elle passe son
temps à observer mais surtout à dessiner et à peindre les animaux et, lors
de vacances chez sa grand-mère en Écosse, elle court les bois pour
immortaliser les chenilles, les champignons, les mousses et les lichens
qu’elle rencontre (25). C’est
une virtuose du dessin d’après nature et elle réalise de magnifiques
aquarelles de champignons, étudie et représente des germinations de spores
d’Agaricineae et s’intéresse aux lichens, discutant de leur nature
duale défendue par Schwendener.
Elle effectue des
observations microscopiques de Cladonia et réussit à en faire germer
les spores. Son oncle chimiste l’encouragea à publier en 1896 un article
dans la revue de la Société linnéenne de Londres. Mais, parce que
femme, on lui interdit de présenter sa communication devant les membres
de cette Société. Elle fit une seconde tentative, aussi catastrophique, avec
le directeur des jardins botaniques de Kew.
Démoralisée, elle
abandonna l’idée d’apporter sa contribution à la science et se consacra aux
livres pour enfants, avec de magnifiques illustrations sur chaque page et
obtint dans ce domaine un extraordinaire succès, réalisant 23 livres (dont
le célèbre « Peter Rabbit ») vendus à plus de 100 millions
d’exemplaires ! Il faudra attendre 1967 pour que le président de la Société
anglaise de mycologie utilise ses aquarelles pour son manuel sur les
champignons et les lichens des îles britanniques.
« En 1997, exactement cent ans après qu’on l’eût empêchée
de s’exprimer, Beatrix Potter recevait les excuses posthumes de la Société
linnéenne (26) ».
(25) « Beatrix
Potter, l’avant-gardiste », http://www.lemonde.fr/article 2007/04/05/beatrix-potter
(26) D. Marin,
« Beatrix Potter et les lichens », doc. Internet. |
On citera,
pour cette fin du XIXe siècle, un dernier soutien à la théorie
duale de Schwendener, celui de Léo Errera (1858-1915). Ce botaniste
belge, qui a fréquenté le laboratoire de de Bary à Strasbourg, présente avec
humour l’organisation des lichens en ces termes:
« Nous
pouvons nous figurer le champignon qui vient trouver l’algue et lui tient à
peu près ce langage (je suppose, bien entendu, un champignon qui y mette des
formes) : « - Mademoiselle, il y a là de vastes régions désertes que je
désirerais vivement coloniser. Daignez vous joindre à moi, car elles sont
inhabitables pour chacun de nous isolément. Délicate comme vous l’êtes, vous
y seriez rôtie par le soleil, vous ne parviendriez pas à vous y fixer et à
absorber les aliments minéraux qui vous sont nécessaires. Pour moi qui suis
plus endurant, je pourrais bien m’y cramponner ; mais je ne trouverais pas
de substances organiques et je n’ai pas ainsi que vous, le talent de me
nourrir d’air ou tout au moins d’acide carbonique. Associons-nous donc et
nous régnerons, à nous deux seuls, sur d’immenses espaces que nul ne saurait
nous disputer ; vous fournirez la matière organique au ménage ; moi je vous
servirai d’écran, je vous attacherai au sol et j’irai y chercher des sels
inorganiques dans l’intérêt commun. » L’algue n’a qu’à répondre :
« volontiers, Monsieur ! » Voilà le pacte conclu et le lichen constitué »
(27).
(27) Citation
extraite de l’article de C. Flagey (op. cit.) sans indication de
référence de l’article d’Errera.
Comme
l’indiquent Ferdinand Moreau (1886-1979) et Claude Moreau dans
« La vie des plantes (28) »,
après la mort de Nylander en 1899
« il
s’en fallut de peu que la lichénologie tout entière ne disparut avec lui.
Les études de la systématique des Lichens connurent un temps d’arrêt. La
lichénologie systématique ne subsiste aujourd’hui qu’à la faveur d’une
fiction, qui consiste à décrire, nommer, classer des organismes doubles
comme s’ils étaient des organismes simples ».
(28)
A. Guillaumin, F. Moreau et C. Moreau, 1955. « La vie des plantes », Libr.
Larousse, Paris, 464 p.
Par
bonheur, de nombreux lichénologues continueront à travailler tel l’abbé
Auguste Marie Hue (1840-1917), qui a étudié au début des années 1900
les récoltes de plusieurs expéditions en Tunisie, Antarctique, Louisiane
mais a aussi beaucoup publié à partir des récoltes effectuées dans la région
parisienne et dans les Alpes (29).
D’abord disciple de Nylander, il fut répudié par le maître dès lors qu’il
adopta le point de vue de Schwendener sur la nature double des lichens.
[Abréviation du nom d’auteur : Hue].
(29)
A. M. Hue (Abbé), 1893. Lichens des environs de Paris, Bull. Soc. bot. Fr.,
T ; XL, 165-185 ; idem. 1894, T. XLI, 164-203 ; idem. 1897. Lichens récoltés
par la Société botanique de France dans le bassin supérieur de l’Ubaye, au
cours ou à l’occasion de la session de 1897. Bull. Soc. bot. Fr.,
44 ; idem, Lichens d’Aix-les-Bains. J. Bot. 10 (2-9) : 3-15,
26-37,87-92, 93-98,146-148, 149-156, 173-178, 190-194 ; idem, 1912
(« 1910 »), Lichenes morphologice et anatomice disposuit (série de
plusieurs publications).
L’abbé
Julien, Herbert, Auguste, Jules Harmand (1844-1915) adopta la
classification originale proposée par Hue. Il publie notamment un « Guide
élémentaire de lichénologie » en 1904.
[Abréviation du nom d’auteur : Harm.].
Pour
surmonter la difficulté de nommer des organismes composites, la solution
retenue a été de considérer les lichens comme étant des « champignons
lichénisés ». Le premier à proposer cette interprétation a sans doute
été le lichénologue finlandais Edvard August Vainio (1853-1929) qui a
collecté des échantillons au Brésil, en Finlande, en France, en Hongrie, en
Russie et en Suisse. Ses principaux travaux ont été publiés entre 1890 et
1929 : « Étude sur la classification naturelle et morphologie des lichens du
Brésil » (1890), Lichenographia fennica : Pyrenolichens (1921),
Coniocarpae (1927) et « New species of lichens from Porto Rico » (1929).
Une espèce lui est dédiée : Chaenothecopsis vainioana
[Abréviation du nom d’auteur : Vain.]. |
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Alexander Zahlbruckner (1860-1938), botaniste autrichien,
conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Vienne, établit une nouvelle
classification des lichens en se basant sur les idées développées par Vainio.
Il publie quatre articles dès 1885-1886 puis, de 1903 à 1907 une série de
révisions des genres et des familles dans « Die natürlichen Pflanzenfamilien »
en 32 volumes édités par Engler et Plantl. Mais son œuvre principale est
contenue dans son Catalogus lichenum universalis, catalogue qui
rassemble tous les noms des lichens connus et est publié en 10 volumes à
partir de 1922 ; le dernier volume paraîtra en 1940, deux ans après sa mort.
Sa classification restera une référence pour la plupart des lichénologues
pendant près d’un demi-siècle. Elle sera rééditée en 1951 et ne
deviendra obsolète qu’avec l’avènement des classifications phylogénétiques.
[Abréviation du nom d’auteur : Zahlbr.].
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L’abbé Léon Vouaux (1870-1914) est certainement un des premiers
mycologues, avec Henri Olivier (1848-1922) (30),
à s’intéresser aux champignons qui se développent sur les lichens, autrement
dit, les champignons lichénicoles.
Son « Synopsis des champignons parasites des lichens », publié en sept
fascicules entre 1912 et 1914 (31),
comporte 373 pages. Né à Baccarat le 25 février 1870, Léon Vouaux est
ordonné prêtre en 1893 ; il suit des études supérieures à l’université
de Nancy (1894-1898) ;
reçu au concours d’agrégation de grammaire en 1898, il est par ailleurs très
attiré par l’histoire naturelle. Il rencontre l’abbé Harmand au collège de
la Malgrange et fréquente le laboratoire du professeur Le Monnier à la
faculté des sciences. Dans son synopsis il indique notamment :
« Il ne s’agit pas d’étudier le parasitisme en lui-même,
ce qui exigerait un travail particulier…Ces questions de parasitisme sur
Lichens, de parasymbiose et même de saprophytisme sont loin d’être
élucidées. On ne possède encore que des observations éparses, qui ne
permettent même pas de distinguer toujours l’un de l’autre ces différents
états. J’en ai rassemblé quelques autres ; mais j’en voudrais une provision
moins pauvre ».
Il
n’en aura pas le loisir. Il sera fusillé par les Allemands en 1914, à la
place de son frère, curé de Jarny, chez lequel il passait ses vacances. Une
espèce de lichen lui est dédiée : Agonimia vouauxii et un genre de
champignon lichénicole : Vouauxiella, comportant deux espèces : V.
lichenicola et V. verrucosa.
30) H. Olivier,
1905-1907. Les principaux parasites de nos lichens français. Bull. int.
Géogr. Bot., 15 (1905) : 206-220, 273-284 ; 16 (1906) : 42-48, 187-200,
253-264 ; 17 (1907) : 123-128, 162-176 ; 2323-240.
(31) L. Vouaux,
1912-1914. Synopsis des champignons parasites des lichens. Bull. Soc.
Mycol. Fr., 28 : 177-256 ; 29 : 33-128, 30 :
135-198, 281-329. |
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André de Crozals (1861-1932), officier de marine, négociant en vin et
botaniste, a effectué de nombreuses récoltes de lichens dans l’Hérault et
publié ses observations et déterminations entre 1908 et 1910.
Il a également publié, entre autres, le compte rendu de ses excursions dans
le massif du Mont-Blanc en 1909. Paul Genty (1861-1955) a eu souvent
recours à de Crozals pour la détermination ou la confirmation d’espèces de
lichens récoltés en Côte-d’Or.
Plusieurs espèces lui ont été dédiées : Agyrina crozalsii, Buellia
crozalsiana, Gyalecta crozalsii, Parmotrema crozalsianum, Pleospora
crozalsii, Pyrenidium crozalsii.
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Maurice Bouly de Lesdain né en 1869 à Dunkerque et décédé en 1965 à
Lille, se destine d’abord à la médecine mais s’oriente vers la botanique et
plus particulièrement il s’intéresse aux lichens auxquels il consacre sa
thèse soutenue en 1910. Il publie entre 1905 et 1965 près de 200 notes et
mémoires concernant les lichens. En plus des lichens de la région de
Dunkerque, il s’intéresse aux lichens en provenance de Cuba, de la
Guadeloupe, du Nouveau Mexique, de l’Archipel des Kerguelen.
En 1940, son herbier et sa bibliothèque de Dunkerque sont totalement
détruits et il se réfugie alors à Paris où il rejoint le laboratoire de
Cryptogamie du Muséum d’histoire naturelle. Il est coopté correspondant de
l’Académie des sciences à partir de 194( (32).
Pour l’anecdote : ayant pris connaissance d’une liste de 33 espèces de
lichens recueillis par Nylander en 1866 sur les arbres du jardin du
Luxembourg, il constate l’absence totale de ces lichens en ce lieu en 1950 !
Plusieurs espèces de lichens et champignons lichénicoles lui sont dédiées :
Botryolepraria lesdainii, Echinodiscus lesdainii, Lecania lesdainii,
Staurothele lesdainiana, Unguicularopsis lesdainii. [Abréviation du nom
d’auteur : B. de Lesd.].
(32) L. Plantefol,
1965. Notice nécrologique sur M. Bouly de Lesdain, CRAS, Paris, 260 :
3795-3797 |
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Henri
des Abbayes (1898-1974) est né à Vihiers (Maine-et-Loire) et décédé à
Rennes. Il devient maître de conférences de botanique à Rennes en 1947 puis
professeur en 1952 à la faculté des sciences de Rennes ainsi qu’à l’Ecole de
médecine et de pharmacie de 1937 à 1958 (33).
En 1934 il soutient une thèse intitulée « La végétation lichénique du Massif
armoricain (Étude chorologique et écologique) (34) ».
Excellent botaniste il a également publié une « Flore et végétation du
Massif armoricain. Flore vasculaire ». Son « Traité de lichénologie (35)
», paru en 1951 et préfacé par Roger Heim, marquera une étape importante
dans l’histoire de la lichénologie en particulier dans les pays
francophones.
(33) Collectif, 2008.
« Excursion de l’AFL en Bretagne » : « Sur les pas de des Abbayes » (18-25
août 2007), Bull. Ass. fr. Lichénologie, vol. 33(2), 87-110.
(34) H. des Abbayes,
1934. La végétation lichénique du Massif armoricain ; étude chorologique et
écologique, Imprim. Oberthur, Rennes, 267 p. et 22 planches.
(35) H. des Abbayes,
1951. Traité de lichénologie (préfacé par R. Heim), P. Lechevalier édit.,
Paris 217 p. |
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