La classification des
lichens intégrée à celle des champignons
De la même manière que les
champignons
mycorhizogènes s'associent avec des plantes
chlorophylliennes pour assurer leur nutrition, les
champignons
lichénisés vivent en association avec des algues
et/ou des cyanobactéries. La lichénisation n'est donc qu'une
modalité de nutrition d'un groupe biologique mais ne
constitue en aucun cas une unité systématique particulière.
Tous
les lichens sont des champignons,
ils ne possèdent pas de classification propre. Leur
classification est entièrement intégrée à celle des
champignons. En France il y a un peu plus de 2000
champignons lichénisés, pratiquement tous des
ascomycètes,
les basidiolichens
ne correspondant qu'à une dizaine d'espèces. En Allemagne,
un champignon inférieur particulier, appartenant aux
Glomeromycota
vit en association des cyanobactéries.
|
Ascomycota
Ils produisent leurs spores (ascospores)
à l'intérieur de la cellule fertile (asque)
et ils peuvent obturer les pores de
communication qui se trouvent au niveau
des cloisons à l'aide des
corps de Woronin .
Tous les lichens donnant des ascospores
ou chez les formes stériles ayant des
corps de Woronin sont des
ascolichens. |
Basidiomycota.
Ils produisent leurs spores (basidiospores)
à l'extérieur de la cellule fertile (baside)
et possèdent des
dolipores coiffés de
parenthésomes au niveau des pores
permettant la communication entre les
hyphes.
Tous les lichens donnant des
basidiospores ou chez les formes
stériles montrant au MEB la structure
dolipore/parenthésome sont des
basidiolichens. |
|
|
Photos - Asque de Rhizocarpon reductum
et hétérobaside de Phleogena faginea portant
ses 4 exospores.
|
Généralités 1
Généralités 2
ASCOLICHENS
Arthoniomycetes
Dothideomycetes
Eurotiomycetes
Pyrenulales
Verrucariales
Lecanoromycetes
Acarosporales
Agyriales
Baeomycetales
Candelariales
Lecanorales
Ostropales
Peltigerales
Pertusariales
Teloschistales
Umbilicariales
Lichinomycetes
BASIDIOLICHENS
Glomeromycota ?
|
Pourquoi une nouvelle
classification ?
Durant le XXe siècle, la biologie a progressé
à pas de géant, une véritable révolution s’est produite
à la suite de découvertes et d’inventions qui nous ont donné
une tout autre vision du monde vivant. Il est impossible de
les citer toutes, mais rappelons quelques-unes d’entre
elles.
- En 1931 invention du
microscope
électronique qui s’est progressivement
perfectionné pour donner des images des cellules grossies
plus d’un million de fois. C’est ainsi que l’on a vu, dans
les hyphes septées des Ascos, au niveau des cloisons, un
pore central qui peut être obturé en cas de besoin par un
(ou plusieurs) organite hexagonal ou sphérique, le corps de Woronin ; chez
les Basidios, ce pore est retrouvé mais ses bords sont
renflés, il donne un dolipore (en forme de tonneau) et, en
outre, il est coiffé de chaque côté par une structure
hémisphérique, le parenthésome. De nombreux Fungi
Imperfecti, que l’on ne savait où classer, ont ainsi été
placés très rapidement dans les Ascos (présence des corps de
Woronin) ou (mais beaucoup plus rarement) dans les Basidios.
(présence du dolipore).
- 1951 est l’année de la
découverte de l’ADN
(Acide
DésoxyriboNucléique),
constituant fondamental de nos chromosomes, molécule codée
responsable de l’édification et du fonctionnement de toutes
les cellules d’un être vivant. Chaque caractère (anatomique
ou physiologique) d’un individu est programmé par des
fragments d’ADN (les gènes). Le programme fait appel à 4
signes différents, 4 petites molécules appelées A (pour
adénine), T (pour thymine), G (pour guanine) et C (pour
cytosine). En informatique le codage n’utilise que 2 signes
(0 et 1), la machine vivante a donc des possibilités de
programmation bien plus grandes que celle de nos
ordinateurs.
- En 1970 on met au point les premières techniques de
séquençage de l’ADN,
permettant de déterminer l’ordre d’agencement des 4 signes
A, T, G et C dans une molécule d’ADN. La comparaison des
caractères des individus par leurs molécules d’ADN pouvait
commencer !
-
Les techniques de chimie deviennent particulièrement
performantes ; des molécules qui ne vivent que quelques
fractions de seconde et présentes en quantité infinitésimale
peuvent être détectées ; des sciences nouvelles se
développent, en particulier la cladistique et la phylogénie.
La
cladistique établit la classification des
organismes vivants en se basant sur leur
phylogénie,
celle-ci étant l’étude de la formation et de l’évolution des
organismes vivants en vue d’établir leurs parentés. Cette
parenté est schématisée par un arbre (dit phylogénétique) ;
chaque nœud de l’arbre représente l’ancêtre commun de ses
descendants qui forment un clade.
Au début du XXIe
siècle, la puissance des ordinateurs favorisant l’analyse
des données, les résultats commencent à arriver et montrent
que dans de nombreux cas,
des espèces
morphologiquement proches, placées dans un même taxon, sont
en réalité bien différentes au niveau moléculaire.
Un piège existait, il était pratiquement impossible d’y
échapper, celui de la
convergence
morphologique.
Depuis Darwin nous
nous sommes rendus compte que les espèces n’étaient pas
immuables à la surface de notre planète. Il y a
évolution des
espèces. Les espèces actuelles proviennent
d’espèces préexistantes qui se sont progressivement
diversifiées et complexifiées au cours de temps géologiques.
Lorsque les conditions de vie sont modifiées, suite à des
variations d’environnement (déplacement des plaques portant
les continents, fragmentation ou regroupement de plaques
tectoniques, modifications climatiques, crises géologiques)
les espèces doivent donner des descendants présentant des
capacités nouvelles leur permettant de faire face à ces
nouvelles contraintes environnementales.
Dans l’adaptation à un même problème environnemental, il y a
eu souvent sélection naturelle des mêmes structures chez des
espèces différentes. Des organismes ayant les mêmes
dispositions morphologiques et anatomiques peuvent donc être
très éloignés au point de vue évolutif. La classification
phénétique initiale (basée sur des caractères morphologico-anatomiques)
est donc mise en défaut et une
classification
tenant compte des liens de parentés entre les espèces
est en train de la remplacer.
|
h
= hyphe d'ascomycète
c
= cloisons
p
= pore de communication
w
= corps de Woronin
Schéma cloison
Asco
h
= hyphe de basidiomycète
c
= cloisons
d
= dolipore
p
= parenthésome
Schéma cloison
Basidio
|