Classifiication des lichens (champignons lichénisés) - Généralités 1

  - Jean-Pierre Gavériaux  -  Email : jp.gaveriaux@numericable.fr


Généralités (1)

©Afl

 

La classification des lichens intégrée à celle des champignons

 

De la même manière que les champignons mycorhizogènes s'associent avec des plantes chlorophylliennes pour assurer leur nutrition, les champignons lichénisés vivent en association avec des algues et/ou des cyanobactéries. La lichénisation n'est donc qu'une modalité de nutrition d'un groupe biologique mais ne constitue en aucun cas une unité systématique particulière.

 

Tous les lichens sont des champignons, ils ne possèdent pas de classification propre. Leur classification est entièrement intégrée à celle des champignons. En France il y a un peu plus de 2000 champignons lichénisés, pratiquement tous des ascomycètes, les basidiolichens ne correspondant qu'à une dizaine d'espèces. En Allemagne, un champignon inférieur particulier, appartenant aux Glomeromycota vit en association des cyanobactéries.

 

 Ascomycota

Ils produisent leurs spores (ascospores) à l'intérieur de la cellule fertile (asque) et ils peuvent obturer les pores de communication qui se trouvent au niveau des cloisons à l'aide des corps de Woronin .

Tous les lichens donnant des ascospores ou chez les formes stériles ayant des corps de Woronin sont des ascolichens.

 Basidiomycota.

Ils produisent leurs spores (basidiospores) à l'extérieur de la cellule fertile (baside) et possèdent des dolipores coiffés de parenthésomes au niveau des pores permettant la communication entre les hyphes.

Tous les lichens donnant des basidiospores ou chez les formes stériles montrant au MEB la structure dolipore/parenthésome sont des basidiolichens.

Photos - Asque de Rhizocarpon reductum et hétérobaside de Phleogena faginea portant ses 4 exospores.

 

 Généralités 1

Généralités 2

 

ASCOLICHENS

 

Arthoniomycetes 

Dothideomycetes

Eurotiomycetes

Pyrenulales

Verrucariales

Lecanoromycetes

Acarosporales

Agyriales

Baeomycetales

Candelariales

Lecanorales

Ostropales

Peltigerales

Pertusariales

Teloschistales

Umbilicariales

Lichinomycetes

 

BASIDIOLICHENS

 

Glomeromycota ?

 

 

 

 

Pourquoi une nouvelle classification ?

 

Durant le XXe siècle, la biologie a progressé à pas de géant, une véritable révolution s’est produite à la suite de découvertes et d’inventions qui nous ont donné une tout autre vision du monde vivant. Il est impossible de les citer toutes, mais rappelons quelques-unes d’entre elles.

 

- En 1931 invention du microscope électronique qui s’est progressivement perfectionné pour donner des images des cellules grossies plus d’un million de fois. C’est ainsi que l’on a vu, dans les hyphes septées des Ascos, au niveau des cloisons, un pore central qui peut être obturé en cas de besoin par un (ou plusieurs) organite hexagonal ou sphérique, le corps de Woronin ; chez les Basidios, ce pore est retrouvé mais ses bords sont renflés, il donne un dolipore (en forme de tonneau) et, en outre, il est coiffé de chaque côté par une structure hémisphérique, le parenthésome. De nombreux Fungi Imperfecti, que l’on ne savait où classer, ont ainsi été placés très rapidement dans les Ascos (présence des corps de Woronin) ou (mais beaucoup plus rarement) dans les Basidios. (présence du dolipore).

 

- 1951 est l’année de la découverte de l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique), constituant fondamental de nos chromosomes, molécule codée responsable de l’édification et du fonctionnement de toutes les cellules d’un être vivant. Chaque caractère (anatomique ou physiologique) d’un individu est programmé par des fragments d’ADN (les gènes). Le programme fait appel à 4 signes différents, 4 petites molécules appelées A (pour adénine), T (pour thymine), G (pour guanine) et C (pour cytosine). En informatique le codage n’utilise que 2 signes (0 et 1), la machine vivante a donc des possibilités de programmation bien plus grandes que celle de nos ordinateurs.

 

- En 1970 on met au point les premières techniques de séquençage de l’ADN, permettant de déterminer l’ordre d’agencement des 4 signes A, T, G et C dans une molécule d’ADN. La comparaison des caractères des individus par leurs molécules d’ADN pouvait commencer !

 

- Les techniques de chimie deviennent particulièrement performantes ; des molécules qui ne vivent que quelques fractions de seconde et présentes en quantité infinitésimale peuvent être détectées ; des sciences nouvelles se développent, en particulier la cladistique et la phylogénie.

 

La cladistique établit la classification des organismes vivants en se basant sur leur phylogénie, celle-ci étant l’étude de la formation et de l’évolution des organismes vivants en vue d’établir leurs parentés. Cette parenté est schématisée par un arbre (dit phylogénétique) ; chaque nœud de l’arbre représente l’ancêtre commun de ses descendants qui forment un clade.

 

Au début du XXIe siècle, la puissance des ordinateurs favorisant l’analyse des données, les résultats commencent à arriver et montrent que dans de nombreux cas, des espèces morphologiquement proches, placées dans un même taxon, sont en réalité bien différentes au niveau moléculaire. Un piège existait, il était pratiquement impossible d’y échapper, celui de la convergence morphologique.

 

Depuis Darwin nous nous sommes rendus compte que les espèces n’étaient pas immuables à la surface de notre planète. Il y a évolution des espèces. Les espèces actuelles proviennent d’espèces préexistantes qui se sont progressivement diversifiées et complexifiées au cours de temps géologiques. Lorsque les conditions de vie sont modifiées, suite à des variations d’environnement (déplacement des plaques portant les continents, fragmentation ou regroupement de plaques tectoniques, modifications climatiques, crises géologiques) les espèces doivent donner des descendants présentant des capacités nouvelles leur permettant de faire face à ces nouvelles contraintes environnementales.

 

Dans l’adaptation à un même problème environnemental, il y a eu souvent sélection naturelle des mêmes structures chez des espèces différentes. Des organismes ayant les mêmes dispositions morphologiques et anatomiques peuvent donc être très éloignés au point de vue évolutif. La classification phénétique initiale (basée sur des caractères morphologico-anatomiques) est donc mise en défaut et une classification tenant compte des liens de parentés entre les espèces est en train de la remplacer.

 

 

 

 

h = hyphe d'ascomycète

c = cloisons

p = pore de communication

w = corps de Woronin

Schéma cloison Asco

 

 

 

 

h = hyphe de basidiomycète

c = cloisons

d = dolipore

p = parenthésome

Schéma cloison Basidio

 

 

 

 

 


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