Association Française de Lichénologie - Les champignons lichénisés de France - AFL


Photo 1 par temps sec ce thalle à Nostoc est peu ou non visible.
Photos 2 et 3 par temps humide, les granules deviennent gélatineux (spongieux)
et bien visibles entre et autour des apothécies.
 
 
 
 
 
 

Solorina spongiosa (Huds.) Anzi.
=
Collema spongiosum (Ach.) = Neosolorina spongiosa (Ach.) Gyeln.

Photos 1-6 Olivier Gonnet - parmi les mousses sur rocher - 2200 m - août 2012 - Haute-Savoie - (74) -
Photos 7-9 et texte Jean-Michel Sussey - 21/08/2012 -
Mont-Cenis, alt. 2000 m. - Savoie - (73) -
leg. et dét. J.-P. Priou, don M. Meyer


 

Ascomycota - Lecanoromycetideae - Peltigerales - Peltigeraceae

 

Lichen formé de deux types de thalles.

- Un premier type de thalle situé directement sur le substrat, un premier thalle est constitué d’hyphes associées à des cyanobactéries exclusivement du genre Nostoc et formant de petits lobules gris plus ou moins foncé lui donnant un aspect granuleux que l’on peut assimiler à des pseudocéphalodies.

- Un second type de thalle qui forme une petite collerette (2-3 mm de large) à algue verte (du genre Coccomyxa), provient du développement d’hyphes émanant des couches basales des jeunes ascomes qui, en se développant,  s’associent à des algues vertes et forment un cortex pseudoparenchymateux autour de l’apothécie (1-5 mm de diamètre) très urcéolée et à disque brun plus ou moins brillant.

- Les ascomes de Solorina spongiosa ne se développent ni sur le thalle à algues vertes, ni sur les lobes à cyanobactéries mais sur un feutrage d’hyphes non différenciées et situé sur le substrat. Le primordium de l’ascome se développe directement à partir des hyphes fongiques non lichénisées sans aucune participation du photosymbiote. Ce n’est que lors de la différenciation et du développement de l’ascome qu’il y a affinité puis association avec l’algue verte.

Observation au microscope : Épithécium brun. Hyménium et hypothécium incolores. Spores ellipsoïdales, uniseptées, par quatre, de 30-50 × 15-28 µm, certaines apparaissant légèrement rétrécies à la cloison, incolores au début puis brunes à maturité, à surface ornementée d’éléments trapézoïdaux.

Photosymbiotes : photosymbiote primaire : algue verte (Coccomyxa)

                           et photosymbiote secondaire : cyanobactérie (Nostoc).

Chimie : R-, pas de réactions caractéristiques.

Habitat : Terricole, muscicole, sur sol le plus souvent calcaire. Dans des stations à air ambiant humide, soumises à tous les temps, bien éclairées et ensoleillées, dans des combes à neige à sol humide mais protégées des vents. Étages subalpin et alpin.

Espèce très rare, patrimoniale d’intérêt national, en danger d’extinction.

 

Remarques : Solorina spongiosa se différencie des autres espèces du genre Solorina par son thalle foncé, granuleux, à cyanobactérie du genre Nostoc, à l’exception du fin thalle membraneux à algue verte entourant étroitement les apothécies.

La seule confusion possible est avec S. bispora subsp.bispora phyco. subspongiosa qui possède un thalle à algue verte comme le type mais recouvert de nombreuses céphalodies externes à Nostoc.

Solorina saccata a un thalle foliacé vert vif lorsqu’il est humide, des apothécies en forme de soucoupe, des asques à quatre spores et ne possède pas de pseudocéphalodies à Nostoc. Assez commun, on le trouve de l’étage supraméditerranéen à l’étage subalpin, plus rarement à l’alpin.

 

Étymologie : Solorina vient du grec « solos » = disque ou orbe et de « rhinos » = bouclier (la dénomination évoque l’aspect scutelliforme et orbiculaire de ses apothécies) / spongiosa vient du latin « spongiosus » = spongieux, poreux.

 

Bibliographie

- Acharius, E 1810 - Lichenographia Universalis. Cum tab. aen. color. - Göttingen. 689 p. (p.28).

- Ahti T., Jørgensen P. M., Kristinsson H., Moberg R., Søchting U. et Göran T., 2007 – Nordic Lichens Flora, Cyanolichens, 3 : 1 – 219 (p. 131, n° 5 et p. 207).

- Jahns H. M., Klöckner P. and Ott S., 1995 – Development of thalli and ascocarps in Solorina spongiosa (Sm.) Anzi and Solorina saccata (L.) Ach. Bibliotheca Lichenologica, 57 : 241 – 251.

- Gavériaux J.-P., Les cyanobactéries des lichens, 2018 - Bull. Ass. fr. Lichénologie 43(1) : 129-146.

- Nimis P.L. et Martellos S., 2004 – Keys to the lichens of Italy – I. Terricolous species. Goliardiche édit., Trieste, 341 p. (p.109).

- Van Haluwyn C., Asta J., Boissière J.-C., Clerc Ph., avec la collaboration de Gavériaux J.-P., 2012 – Guide des lichens de France. Lichens des sols. Belin édit., Paris, 224 p. (p. 58).

Wirth V., 2013 – Die Flechten Deutschlands (2 tomes). Ulmer édit., Stuttgart (Allemagne), 1244 p. (p. 1046).

 

Petite clé de détermination des espèces du genre Solorina (JP Gavériaux)

Clé très simplifiée établie à partir de la clé de Claude Roux (Likenoj de Okcidenta Europo - 1985)

 

- Thalle foliacé en général bien développé (parfois réduit à un collier entourant l’apothécie), gris-vert à ± vert vif en présence d’eau ; pas de cortex inférieur sauf sous les apothécies ; étroitement appliqué au sol par des rhizines peu nombreuses mais robustes.

- Algues Coccomyxa (fusiformes avec un chloroplaste pariétal longitudinal et des zones claires dépourvues de cytoplasme) et Nostoc dans des céphalodies internes ou externes.

- Apothécies lécidéines enfoncées dans le thalle, asques de type Peltigera, ayant de 2 à 8 spores brunes, unicloisonnées. Pycnides inconnues.

- Les Solorina sont des lichens terricoles surtout fréquents dans les hautes montagnes et les régions froides.

 

 

 

 

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